Les élu.e.s des listes « Penser l’avenir agir ensemble » souhaitent un bon rétablissement à Olivier Montagne, président de l’UPEC de mars 2016 à novembre 2017.

L’UPEC, un bateau ivre

Comme dans une mauvaise série télé, la direction de l’UPEC nous donne à voir de nouveaux rebondissements chaque jour.

Lundi 13 novembre, la Commission Recherche du Conseil académique devait voter le budget des laboratoires de recherche, en baisse. Le scrutin a été sans appel : 0 voix en faveur du projet présenté par la présidence. Du jamais vu, le vice-président recherche, absent mais ayant donné procuration, se retrouvant même à s’abstenir sur son propre budget.

Le lendemain (mardi 14), la direction de l’Upec présentait son schéma pluriannuel de stratégie immobilière. Sans aucun fondement, celui-ci prévoit notamment 40 à 45 000 étudiants à l’horizon de 10 ans (près de 50 % d’augmentation) alors même que les prévisions du ministère, anticipent d’ici 2025 une hausse de 15 %. Tout aussi délirant, la direction programme la construction d’un auditorium de 1 200 places ! Restera à planter quelques palmiers sur la dalle et l’Upec sera UCLA, en mieux !

Vendredi 17 novembre, c’est le Comité Technique qui a voté à l’unanimité contre la politique d’emplois présentée par la direction, faute d’une stratégie de la présidence en termes de besoins pédagogiques et scientifiques.

À ceci, on peut ajouter deux nouveaux départs de directeurs de services centraux (Affaires générales et juridiques et Patrimoine), ce qui ne va qu’accroitre un peu plus la désorganisation actuelle de l’Upec.

Enfin, que dire encore de la communication calamiteuse de la présidence sur une prétendue explosion des effectifs étudiants ? La campagne de presse de ces trois dernières semaines a conduit certains de nos partenaires institutionnels (intervention de la sénatrice du Val-de-Marne, motion du Conseil départemental) à emboîter le pas de cette argumentation alarmiste, en reprenant les chiffres annoncés et surtout FAUX !

En effet, au 21 novembre 2017, la hausse était de 1 032 étudiants (soit + 3,4%) – et de 286 seulement en première année –, cachant même une baisse des néo-bacheliers (- 31), loin de l’augmentation de 2 000 à 3 000 étudiants annoncée par la direction.

On attend tout d’une université, sauf qu’elle embarque dans une mauvaise galère celles et ceux qui lui font confiance et la soutiennent depuis tant et tant d’années. Malgré ces désaveux successifs, et l’image dégradée que tout ceci donne de l’Upec, la direction continue, droite dans ses bottes, tel le capitaine du Titanic.

Une communication catastrophiste et catastrophique…

Depuis une quinzaine de jours, la direction de l’université multiplie communication interne et externe pour pointer du doigt de prétendues difficultés financières et matérielles de l’établissement. Tout a commencé par l’adoption lors du CA du 20 octobre d’une motion interpellant le gouvernement pour réclamer davantage de moyens. Cette motion a été relayée par la presse locale (Le Parisien , 94 citoyens ) à travers des articles dont les titres évocateurs (« SOS d’une université en détresse » et « L’université de Créteil appelle au secours ») en disent long sur les commentaires ironiques que peut susciter une communication aussi alarmiste et larmoyante. Enfin, pour enfoncer un peu plus le clou, une interview des VP-CA et VP-CFVU est venue compléter le tableau catastrophiste d’une situation qui, si elle n’est pas simple, n’est certainement pas aussi lourde que la direction veut bien le dire. Les arguments développés reposent sur une exagération et une déformation de la réalité qui ne peuvent être que préjudiciables à l’image de notre université, en particulier lorsqu’elle émane de ceux qui ont la charge de la conduire.

Des difficultés budgétaires et financières qui servent d’alibi

Il est clair que l’Etat doit prendre ses responsabilités et accompagner par des créations de postes pérennes la hausse  des effectifs étudiants parfaitement prévisible depuis plusieurs années. Il convient donc de mener des actions dans ce sens pour que l’enseignement supérieur ne soit pas sacrifié sur l’autel des réductions du nombre de fonctionnaires telles qu’elles ont été annoncées par le gouvernement.

Mais cela ne doit pas empêcher d’être rigoureux car les faits sont bel et bien là : l’UPEC n’est pas en difficulté financière et ne fait pas partie, loin s’en faut, de la quinzaine d’établissements en déficit pointés par la Cour des comptes pour des problèmes budgétaires. Ces établissements sont plus fondés – et à raison – qu’une université comme la nôtre à dénoncer, par des motions, les insuffisances de la subvention de l’Etat pour charge de service public que la conférence des présidents d’université (CPU) ne manque pas de souligner par ailleurs.

Personne ne devrait ignorer que la situation financière de l’UPEC est saine.

Il suffit de consulter le rapport annuel de performance de l’établissement (RAPET) adopté chaque année et rendu public pour le vérifier. On peut y lire (p. 40) que les résultats nets comptables de l’UPEC sont chaque année supérieurs à 2,5 millions d’€ depuis 2013 (2,58 en 2016), à rebours des difficultés qu’on voudrait mettre en avant. Dans ce même rapport (p.34), on peut lire aussi que les taux d’occupation des locaux ne sont pas davantage ceux qu’annonce dans la presse le VPCFVU (85 %), mais 73 %, résultats d’une moyenne entre des amphithéâtres il est vrai chargés (82 %) et des salles de cours qui le sont moins (67 %), montrant ainsi que les marges de manœuvre ne sont pas épuisées, y compris sur le Campus centre de Créteil.

Dans ces conditions, que vaut une communication que dément la documentation officielle de l’établissement, à part d’en brouiller l’image et d’en dégrader la crédibilité ? Certes, un tel discours peut impressionner le grand public – mais avec quels effets sur l’attractivité de l’établissement et de nos formations ? Certes, un tel discours peut aider à faire croire en interne que les coupes sombres à venir sur le budget de la formation et de la recherche sont de la seule faute de l’Etat. Mais au-delà de cette manœuvre politique, il ne peut pas emporter la conviction des milieux informés du financement et du fonctionnement des universités. En clair, un tel discours, démagogique par nature, ne peut que contribuer à nous décrédibiliser vis-à-vis de nos tutelles et de nos partenaires sur le territoire, ce dont l’UPEC se passerait bien par les temps qui courent, après que notre direction eût défrayé la chronique pendant de longs mois avec ses atermoiements sans fin au sujet de l’I-Site et de la COMUE.

Une communication qui tombe à plat

Pire, une telle communication ne peut que tomber à plat quand elle survient dans le contexte des annonces qui sont faites à l’occasion du projet de loi de finances 2018 et de l’annonce du « Plan Etudiants » du gouvernement. Car tout, dans ces annonces, dit le contraire de ce que prétend notre direction quant à l’évolution attendue à court et moyen terme du budget des universités, même s’il faut bien sûr se montrer vigilant. Ce sont ainsi environ 200 millions d’€ (sur 700 supplémentaires pour l’ESR par rapport à 2017) qui seront destinés aux universités en 2018. S’y ajoutent 40 millions d’€ correspondant à la part de subvention de l’Etat habituellement gelée chaque année par Bercy (une première), ainsi que 450 millions d’€ du Grand plan d’investissement pour l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation annoncé il y a quelque semaines. Deux des arguments développés par le VP CA dans le récent article de 94 Citoyens se trouvent ainsi battus en brèche.

Le premier sur la pérennisation de la dotation 2017 pour l’augmentation des effectifs (1,89 millions d’€ pour l’UPEC). Contrairement à ce qu’annonce le VPCA dans la presse – qui y affirme l’inverse de ce qu’il a lui-même écrit dans la note d’orientations budgétaires présentée en CA (2ième paragraphe de la page 2 de la Note-Orientations-Budgetaires-2018-CA), montrant ainsi que le double-langage est un art –, cette dotation a bien vocation à être reconduite et n’avait donc rien d’exceptionnel.

Le second sur la compensation du GVT (glissement vieillesse technicité de la masse salariale). La subvention de l’Etat en 2018 a bien vocation à le prendre en compte (cf. l’article de l’Etudiant déjà cité) : cela qui signifie que les dérapages constatés (et annoncés) au niveau de l’UPEC (un million d’€) n’en découlent probablement pas entièrement. Par exemple, l’intégration en 2017 de la masse salariale de l’École Supérieure Monsouris, sur laquelle le Conseil d’administration n’a eu aucune information claire et précise (malgré des demandes répétées de la part de plusieurs administrateurs), est peut-être une explication qui mériterait d’être prise en compte, si l’on veut vraiment évaluer de manière sincère les fortes augmentations attendues en dépenses de personnel.

Une communication pour masquer l’absence de pro-activité

Toujours est-il qu’au-delà de ternir le rayonnement de notre établissement, une telle communication ne répond pas davantage au problème sur le fond. Si des difficultés conjoncturelles à construire le budget 2018 se présentent, liées à des raisons techniques, n’est-ce pas surtout le résultat d’une absence de vision stratégique et d’une inaction politique dont on commence déjà à mesurer les effets ?

Car les faits sont là également : à l’exception de quelques petits projets, l’UPEC n’a rien engrangé de significatif en termes de nouvelles ressources pérennes. Notre refus de participer à l’ISITE et l’échec aux appels d’offres du PIA 3 (« nouveaux cursus universitaires » et « écoles universitaires de recherche ») montrent que rien n’a été obtenu pour maintenir à la hausse les recettes de l’établissement, seule option viable pour lever les difficultés budgétaires dans la durée. Et ce ne sont pas ces annonces inquiétantes, les démissions enregistrées dans l’équipe présidentielle, consécutives à l’absence de ligne politique claire, et la multitude de postes administratifs vacants et non pourvus qui vont aider à relever le défi et à remobiliser les troupes.

Notre université ne serait-elle pas aujourd’hui comme le petit garçon d’une mauvaise blague que tout le monde connaît : « pas de bras, pas de chocolat », qu’on pourrait transcrire ici par « pas de projet, pas de budget » ? Et la solution n’est certainement pas de nous dévorer les uns les autres, comme semble déjà y inviter l’annonce des coupes claires du budget 2018 et ceux qui suivront, si aucune action de fond n’est enfin engagée.

La préparation du budget 2018 de l’UPEC : toutes les craintes sont permises

En décembre 2016, les élu.e.s de la liste PAAE au Conseil d’administration ont voté contre le projet de budget 2017 proposé par la présidence de l’UPEC. Le jour même, nous avions expliqué sur ce blog les raisons de ce vote, afin de porter à la connaissance de toutes et de tous ce qui avait été exposé en séance.

Alors que le budget 2018 est censé être en préparation, sans lettre de cadrage budgétaire (comme ce fut déjà le cas l’an passé), nous avons de bonnes raisons de craindre que les problèmes, ou les erreurs, soulevés en 2016 sont malheureusement en passe d’être reconduits.

On ne change pas une équipe qui… perd.

Un diagnostic préalable erroné… qui fonde une politique de rigueur inacceptable

Lors de la commission des moyens du 22 septembre dernier, une projection d’augmentation de la masse salariale pour 2018 (1 million d’euros sur 185 millions d’€ actuellement budgétés en dépenses de personnel), en lien avec le glissement vieillesse technicité (GVT), a été présentée par les responsables politiques de l’université. Elle a été commentée en des termes alarmistes sans prendre en compte l’ensemble du contexte budgétaire de l’établissement, à savoir l’augmentation des dotations de l’Etat (au moins 3,5 millions d’€ en 2017 dont 1,9 millions pour les augmentations d’effectifs étudiants). N’ont pas non plus été pris en considération les excédents réalisés chaque année sur cette même masse salariale (700 000 euros), du fait de décalages récurrents entre prévisions et réalisations de dépenses au titre des rémunérations accessoires (les vacations, les heures complémentaires).

Fort de ce raisonnement tronqué, le VPCA, toujours président de la commission des moyens, en a profité pour annoncer une diminution à venir des enveloppes consacrées à la recherche et à la formation, alors même que ces dernières ont déjà connu un gel en 2017, à contre-cycle des augmentations de recettes. Et en CODIR (l’instance qui réunit les directeurs de composantes avec l’équipe présidentielle), on a même été jusqu’à évoquer, déjà, des gels de postes !

Que dire ?

Qu’on confond vitesse et précipitation, sans prendre le temps d’une réflexion fine sur la nature des charges et des recettes de l’UPEC ?

Que malgré les annonces et une conférence « orpheline » qui s’est tenue le 5 juillet à l’initiative de la direction de l’université, rien n’a été fait pour réfléchir en profondeur à la refondation de notre modèle économique et impulser un travail dans ce sens ?

Que l’UPEC manque – de plus en plus – cruellement de pistes de développement structurantes, en recherche, en formation tout au long de la vie, en accueil de publics étudiants diversifiés… ?

Que la stratégie de l’UPEC semble se réduire à une politique défaitiste de la peau de chagrin ?

Que l’on fera passer la pilule dans l’établissement en expliquant que « c’est la faute au ministère » ?

Cela semble être un peu tout cela à la fois, malheureusement… Même si l’on ne peut que souhaiter que les quelques projets remontés dans le cadre du PIA 3, sur la base à d’initiatives locales, seront couronnés de succès.

Une absence d’anticipation de la dotation de l’Etat

Pour construire le budget 2018, il a également été annoncé qu’on allait « attendre » de connaître le montant de la dotation de l’Etat. L’équipe présidentielle ne peut pourtant plus se réclamer de son inexpérience pour faire comme si elle ne savait pas que, depuis plusieurs années, le ministère de tutelle annonce leurs dotations aux établissements tardivement – et en tout cas, plus tardivement que le travail et la réflexion à mener avec la commission des moyens et dans les instances compétentes de l’établissement

Au passage, la commission en question est d’ailleurs toujours présidée par le vice-président du Conseil d’Administration ! Cette situation, à peu près inédite à l’UPEC, est tout sauf le signe d’une démarche démocratique et de mobilisation des compétences.

Enfin, on ne sait pas non plus comment la dotation complémentaire obtenue de l’Etat pour les augmentations d’effectifs et la hausse de la masse salariale (respectivement 1,9 et 1,6 millions d’€ en 2017) a été utilisée, si ce n’est que 400 000 € auront été distribués à certaines composantes pour ouvrir quelques groupes de TD. Cette information n’a pas été ne serait-ce que présentée aux élus du CA, ces derniers n’ayant été gratifiés que de quelques tableaux de chiffres demeurés sans explications.

Un brouillard épais continue donc de régner sur ces sujets. Ce n’est bon signe ni pour maintenant, ni pour les années à venir.